Lettre ouverte à son excellence IKILILOU DHOININE, Président de la République des Comores

 

Excellence,

 

Le 26 mai 2011, l’aurore avec ses crépuscules lumineux fera date. Vous aurez en charge et pendant cinq ans, le destin de la nation. Dans un monde de comparaison, rien ne peut-être rien. Nous avons une jeune Nation riche d’amour. Le comorien a une âme; il faut la valoriser disait Ali Soilihi M’tsachiwa. Les tressaillements qui se sont succédé dans le temps, m’incitent à vous écrire pour marquer mes espérances. Comme le montre la chronologie d’événements dans le monde, notre jeune Nation n’est pas épargnée et se situe entre l’exclamation et l’interrogation.

Votre tâche s’annonce exigeante, délicate, car lourdement aggravée par un environnement national et international sans cesse bouillonnant. Notre jeune nation n’est nullement un complexe énigmatique. Vous êtes au-dessus de tout soupçon car vous êtes de la race « d’aucun air soupçonneux » pour défendre les valeurs que la Nation incarne et s’identifie. Vous êtes le premier des comoriens à les défendre sans haine, sans rancune comme votre prédécesseur. En somme, devant l’histoire, face au peuple, la gloire sera de prouver, de gouverner une jeune nation qui a tant souffert et qui souffre encore sous perfusion.

Un jour à Beit-Salam, la mouvance présidentielle dans ses pressentiments, le Président A.A  SAMBI s’est livré à nous décrire à grands traits votre portrait sur le désintéressement pour tout ce qui est attrait au matérialisme et au pécule; ce jour là, j’ai compris l’essence en votre foi dans le religieux et dans vos aptitudes. A travers ses propos, l’indiscutable, ouvrit l’espace pour la succession.

Ils sont rares les hommes qui se fidélisent et qui croient en la fidélité. A l’épreuve du temps, je peux affirmer que la fidélité au sens noble du terme révèle une sincérité sans fissure. Celle que l’on se doit à soi-même. Ce fut une belle leçon de moralité pour ceux qui font de la politique pécuniaire.

Monsieur le Président, votre humilité naturelle fut déjà la riposte à la provocation. Votre discrétion qui vous caractérise est une des grandes qualités pour un Chef d’Etat. Vous aurez à gérer la provocation, le paradoxe, mais aussi et heureusement l’action. Or l’action n’est pas une affaire de tout repos. Mieux que quiconque vous le savez, le pays ne peut s’en sortir là où il se trouve en distribuant des rémunérations à des amis, mais en mobilisant les têtes et bras « au service d’un idéal commun ». Aujourd’hui, vous avez une place à part car le pays s’identifie à vous.

En vous, il attend non pas les rapports du poète avec sa mère, mais la ferveur du courage pour l’engagement du bien-être. Votre investiture le 26 mai est gage d’événement  heureux ; un gage d’amitié et de fraternité. Le pays s’en réjouit. Soyez le bâtisseur pour l’édification de notre jeune nation. Malgré les efforts consentis par votre prédécesseur, le pays n’a pu échapper aux échecs de beaucoup de nos idéaux.

Le temporel fut lourd car le temps et l’espace furent au demeurant des ânes-bâtés. Nous avons une économie nullarde puisque toutes ses composantes sont nulles. De mal en plus mal, tous les produits sont importés. C’est une réalité catastrophique qui nous entraîne au catastrophisme. C’est un véritable cache scie qui empêche le pays d’avancer. Aucun secteur n’est évolué, évalué mais plutôt dévalué, brimé et méprisé. Votre prédécesseur fut le réconciliateur de la légitimité nationale. Il a redonné au pays son rang dans le monde. Pendant ce temps, les pignoufs et les pipelets coururent dans les officines de la trahison comme des mouches sur une ampoule.

Monsieur le Président, la politique est impitoyable puisqu’elle a ses obligations qu’il faut prendre à tâche. Elle est aussi impitoyable puisqu’elle possède l’art de corroder le sens normal de la vie des gens. Notre jeune nation avec ses 2034 km2 est certes, la moins peuplée dans la région entre guillemet mais la plus riche dans ses vérités à objets d’erreurs. Le temps nous oblige à nous reconstruire, à revoir nos faiblesses afin de pouvoir capitaliser nos forces pour offrir demain la beauté de nos rêves à nos enfants. Par le temps qui passe, le peuple ne souhaite que de renvoyer ce mélodrame dans le sac à poubelles de l’histoire.

Clore ma lettre sans un mot sur l’île comorienne de Mayotte, ce serait parrainé le prince Sakalava Andrian T’souli chassé de chez lui pour se réfugier chez nous. Ce paria noirceur qui se prenait pour le maître de l’île, voulant se vêtir du neuf, vêtit l’apocalypse pour installer le « miroir de limbe ».

Le combat pour Mayotte, ce n’est pas le combat d’un homme, mais celui d’un peuple. Il n’y a pas une île en cavale, il y a un peuple qui veut s’unir et s’entendre. Le temps des cerises et des délires est terminé. Il faut créer une commission contributive à l’endroit de ceux qui ont foisonné notre histoire en tant qu’acteurs et réalisateurs. Je pense notamment à ceux qui n’ont jamais été «des toiles d’araignées à travers lesquelles passent les grosses mouches et où restent les petites » Monsieur  Saïd Hassane S.Hachim – Ali Bazi Salim – Ali Mroudjaé – Ali M’lahaïli – Mouzaoir Abdallah – Damir Ben Ali – Mohamed Hassanaly –Omar Tamou – Issihaka Abdourazak – Mikidache Abdourahim. Ces hommes peuvent élaborer des idées fortes sources d’inspiration et d’espoir pour l’ile comorienne de Mayotte.

 

« Où manque la force, le droit disparait ; où apparait la force, le droit commence à briller » Maurice Barrès

 

 

Laissi BEN ALI