Nasrat MOHAMED ISSA « Nous reprochons l’opacité de la Ma-Mwe »

Nasrat

Nasrat Mohamed Issa est une force tranquille. Cette mère de famille parle peu mais agit beaucoup dans son travail comme au niveau associatif. Diplômée en Gestion avec option ressources humaines et comptabilité à Douala au Cameroun, elle est la vice-présidente de la fédération comorienne des Consommateurs. En parallèle à sa fonction de directrice adjointe de l’Alliance Française, elle mène un combat sans relâche pour le respect des Droits des consommateurs. Celle qui a suivi une formation en gestion et administration des entreprises culturelles à Lyon (France) est aussi un pilier des associations féminines de sa ville natale, Moroni. Il y a quelques jours, cette présidente de l’organisation des mutuelles de santé des institutions subventionnées par la France était au premier plan avec les femmes de la capitale pour réclamer de l’eau et de l’électricité. En exclusivité, Nasrat nous parle de la fédération des consommateurs mais surtout de leur combat pour l’alimentation régulière en eau et en électricité dans tous le pays. Interview.

Parlez-nous brièvement de la FCC?

La Fédération Comorienne des Consommateurs est une association indépendante, apolitique et à but non lucratif. Elle vise à assurer la défense des intérêts individuels et collectifs du consommateur et la promotion de leurs droits matériels et moraux dans tous les domaines de la vie quotidienne (consommation, logement, santé, environnement, TICS, éducation et formation, transport, services publics…).
Elle informe objectivement les consommateurs conformément aux lois et règlements destinés à les protéger et les sensibiliser.
Elle intervient notamment par la réalisation et la diffusion d’études, d’articles et d’ouvrages. Elle tient une permanence d’information et de conseils à destination de ses adhérents et assiste ses membres dans le règlement amiable des litiges.

Comment vivez-vous les coupures de l’eau et électricité de la Ma-mwé?

Avec les coupures d’eaux et d’électricité incessantes, nous traversons une période très compliquée et difficile pour la survie de la population. En effet, l’eau est un élément vital. Sans eau, nous ne pouvons pas vivre sainement. La population souffre énormément. Elle passe son temps à rechercher une borne fontaine qui coule même à des heures inimaginables avec tous les risques que cela engendre.
Quant à l’électricité qui est un facteur clé du développement économique et social, là encore c’est la désolation.
Nous sommes en 2015, l’époque des machines mécaniques est révolue, tout fonctionne à l’électricité. Les bureaux, les entreprises, les ménages et mêmes les villages les plus reculés, ont besoin de cette électricité, ne serait ce que pour charger son téléphone portable et garder ainsi la liaison avec le monde. A des moments, on a l’impression que la vie s’arrête.

Y a-t-il des conséquences sanitaires, économiques et socials par rapport à l’attitude de la Ma-mwé?

Ces coupures fréquentes et quasi quotidiennes ne sont pas sans mal dans la vie des comoriens. Économiquement, ce n’est pas possible d’évoluer, les entreprises privées subissent de graves préjudices. Le public ne marche quasiment pas, les gens restent dans les bureaux à se tourner les pouces en attendant l’électricité pour pouvoir imprimer un document. Les gros commerçants fonctionnent avec des groupes électrogènes mais les conséquences sont répercutées sur la hausse des services proposés au consommateur. La rupture quasi permanente de la chaîne de froid, rend les denrées alimentaires impropres à la consommation et dangereuses pour la santé de la population.

Qu’est ce que vous reprochez exactement à la Ma-mwé?

Vous savez, comme toute société et dans toute entreprise, il faut une gestion saine et un suivi des charges pour ne pas tomber dans des situations similaires. Nous reprochons l’opacité et la gestion trop onéreuses. Les autorités doivent prendre les mesures et les engagements nécessaires et pérennes pour que cette société d’Etat soit capable de se structurer.

Que proposez-vous comme solution?

De cette crise qui sévit, sont nés plusieurs mouvements et mobilisations comme le Mouvement Madji na Mwendje (MMM) dont fait partie la FCC. La FCC cherche toujours l’unité d’action la plus large avec les autres acteurs sociaux. C’est ainsi que nous avons soutenu la dernière mobilisation des femmes à Moroni. MMM saisit et interpelle régulièrement le gouvernement sur cette question. Il a déjà réussi à obtenir son engagement d’un soutien à la Ma-mwe pendant 3 mois, ce qui a permis à la société de relancer la distribution quotidienne de courant avec un plan de délestage connu de la population même si ce fut malheureusement un répit de très courte durée. Cela a aussi accéléré les plans d’aide de la Banque Africaine de Développement et de la Banque Mondiale.
Le plus important est que la Ma-mwe assure la distribution régulière d’eau et d’électricité et que la facturation soit aussi juste. Il est clair que Ma-mwé reste un grand chantier et l’Etat doit en faire une priorité. Déjà, c’est un problème de fonds.

Avez -vous tenté d’entrer en contact avec la société?

Bien évidemment, nous ne pouvons rester les bras croisés vu la situation actuelle, car nous sommes dans un pays où il n’y a pas de loi qui protège le consommateur. Nous ne sommes pas les seuls, je vous ai dit plus haut que des mouvements sont nés et tant que nos objectifs ne sont pas atteints, c’est-à-dire la fourniture régulière d’eau et d’électricité, nous continuerons à revendiquer et à mettre la pression.

Propos recueillis par Salwa Mag

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